Les secouristes s’alarment d’un défi qui est devenu populaire. Les risques de plonger d’un pont élevé dans le Rhône et de faire un faux plat sont importants, voire mortels.
Au sein du Service d’incendie et de secours (SIS), il y an une certaine incertitude et une certaine inquiétude. Le premier lieutenant Nicolas Millot, qui est son officier de communication, confirme. Nous sommes préoccupés par un phénomène en pleine évolution : certains effectuent des plongeons d’une trentaine de mètres de haut avant de faire volontairement un faux plat dans le Rhône pour gagner des vues sur les réseaux sociaux et s’offrir un peu de notoriété numérique. Il semblait que la pratique était plutôt liée aux beaux jours. Le saut le plus récent est daté du 26 novembre.
Le pont de la Jonction (27 mètres), surtout, mais aussi la galerie sous le pont Butin (36m) sont apparemment devenus des spots en vue de cette pratique extrême. On y vient même de l’étranger pour s’offrir un grand frisson. Depuis deux ans, le SIS a compté une dizaine de cas et «plusieurs blessés».
Plongeon qui pourrait causer la mort
Sur le plan médical, la pratique présente des risques importants. La Dre Elisabeth Andereggen, médecin adjointe au Service des urgences des HUG, explique que depuis une hauteur de 20 à 30 mètres, le contact avec l’eau ressemble à un choc contre un mur en béton. En cas de plat, le sportif risque de subir de nombreux traumatismes, tels que des blessures potentiellement graves au thorax et à l’abdomen, des saignements internes et des déchirures d’organes, selon la spécialiste. Il y a pire : l’amateur de splash monumental subit un traumatisme crânien avec commotion cérébrale et saignements intracrâniens. Selon la Dre Elisabeth Andereggen, cela pourrait provoquer un oedème cérébral, qui est un gonflement du cerveau qui réduit son irrigation. Les conséquences potentielles?«Des troubles neurologiques, parfois importants au point de limiter l’autonomie de la personne dans sa vie quotidienne ou même de provoquer son décès».
Risques méconnus ou mal évalués
Ces sauts sont a priori souvent le fait de personnes «qui méconnaissent les risques inhérents au Rhône, déplore Nicolas Millot. Le courant peut y être fort, tandis que la profondeur du fleuve varie selon les jours et en fonction des zones sous les ponts.» Dans certaines vidéos, des plongeurs se présentent cependant comme des «professionnels» et par précaution, des camarades sont déjà à l’eau pour leur venir en aide si la réception dans les flots se passe mal. L’officier du SIS reste dubitatif.
« Les personnes ne disposaient pas d’équipement de secours les fois où nous sommes intervenus. Ils se croient en sécurité avec deux amis à bord? Nicolas Millot souhaite une bonne chance. Ce n’est pas donné à tout le monde de sortir de l’eau quelqu’un qui a perdu connaissance ou est blessé dans le courant, avec des berges difficiles d’accès ; et je ne parle même pas du cas où la victime coule. Des conseils de prévention des pompiers? Il n’y en a pas lorsque la vie des gens est en danger. Ne le faites pas, c’est de l’inconscience!
Les secouristes sont contraints de renoncer aux moyens conventionnels.
Lorsque les secouristes sont alertés, les voltiges de ces passionnés de sensations fortes mobilisent des moyens humains et matériels importants. Le SIS calcule qu’il faut compter au minimum 25 personnes. En plus des pompiers professionnels, la brigade fluviale de la police et des patrouilles sur les berges sont également engagées, ainsi qu’une ambulance et un hélicoptère, qui doivent survoler à la fois la zone d’impact et celle en aval en raison des courants qui emportent les plongeurs. De plus, les autorités mentionnent que ceux qui effectuent ces pratiques de saut extrême risquent une contravention de 150 francs en cas d’infraction au Règlement sur les bains publics (article 2A et 8). En particulier, il est interdit aux baigneurs de plonger à partir des